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L'eau sur la planète : enjeu mondial et source de conflits ?

Conférence du Samedi 22 février 2014
à PRAYSSAC

par Gérard Sournia
docteur en géographie tropicale

C'est une lapalissade que de dresser ce constat que l'eau est une ressource vitale et d'une permanente utilité non seulement pour l'homme, mais aussi pour l'ensemble de ses activités. L'eau est au centre de tout, de tout ce qui constitue la vie de la planète, qu'elle soit d'essence humaine, végétale ou animale.
L'originalité de ce rapport entre les hommes et l'eau, sous toutes ses formes, au-delà de son incontournable utilité, tient aussi à la fascination qu'elle a toujours exercé du fait de son rôle omniprésent ; depuis la nuit des temps, et ce sous tous les latitudes, sous tous les climats, y compris dans leurs fluctuations extrêmes : fontes des grands glaciers, assèchement du Sahara…l'eau à déterminé l'histoire et la géographie des eaux : leur implantation, le développement de leurs activités, de leurs productions, depuis l'époque de la cueillette et de la pêche, leurs migrations… tout est dépendant de l'eau ; l'homme est toujours installé à sa proximité: lac, rivière, marais, estuaire, oasis, source sont les lieux de concentration de l'habitat et de l'activité des hommes.
Une relation synonyme d'aménagement, de gestion de l'espace, de prospérité, mais aussi de tensions, de crises et de conflits, souvent sanglants ; ce faisant l'eau, de par sa rareté, son absence, son abondance… est certainement la première et la plus injuste des inégalités de la planète. Première cause du déséquilibre entre les sociétés confrontées à un trop d'eau, à ses pénuries ou celle où elle n'est que bienfaits.
Aujourd'hui les relations de l'homme à l'eau ont complètement changé de nature : l'eau pénurie, l'eau marchande, l'eau gaspillée, l'eau dégradée, l'eau des loisirs et du confort… quelle qu'en soit le contexte l'eau est devenu un enjeu politique, stratégique et économique.
L'intérêt d'un tel constat est de décrypter, avec l'œil du scientifique, de l'aménageur, de l'historien, du géographe… les panoramas multiples et variés qui ont conduits les sociétés des zones humides, celles des zones arides, des plaines, des hauts plateaux, des milieux insulaires, les sédentaires, les nomades… à s'adapter à ces différents états de fait. L'eau '' faiseuse '' et '' défaiseuse '' de sociétés, de civilisations, telle est peut-être la question clef de cette analyse : après avoir contribué à positionner, à dessiner, leurs contours et leurs spécialisations, à structurer et à souder les groupements humains, l'eau deviendrait-elle un enjeu tel qu'elle serait la cause de leur désagrégation ?C'est l'histoire et la géographie des rapports entre une ressource irremplaçable et de plus en plus convoitée et la multiplication de ses usages et de ses usagers qu'il est question de décrire ici.

Gérard Sournia