RETROSPECTIVE 2017-2018
******************
Samedi 28 octobre 2017
" Le Brexit :
la fin d’une histoire ?
Celle de l’Union européenne ou de l’Union Jack ? "
par Robert Frank
Historien
spécialiste de l'Europe et des relations internationales
Résumé descriptif
Indéniablement, les Britanniques sont européens. Pourtant ils ont toujours tenu une place à part en Europe. Lorsque celle-ci se « construit » à partir des années 1950, ils ne participent pas au début de l’aventure. Ils entrent dans la Communauté économique européenne en 1972-1973 seulement. Ensuite, ils ont toujours tenu à affirmer leurs spécificités au sein de la CEE, puis de l’UE. Cette originalité assumée, voire cette marginalité subie, ne devait cependant pas conduire automatiquement au Brexit. Celui-ci n’était pas une fatalité, mais le résultat d’un concours de circonstances. Les conséquences, elles, ne seront ni circonstancielles ni superficielles. Cette sortie du Royaume-Uni sera-t-elle un affaiblissement de l’Europe ? ou au contraire une chance pour elle, celle de faire les réformes nécessaires que la Grande-Bretagne refusait jusqu’alors ? Les risques ne sont-ils pas plus grands pour l’Union britannique que pour l’Union européenne ? depuis, le Brexit, le « Royaume » n’est-il pas plutôt désuni qu’ « uni » ? Ces questions n’ont pas de réponses simples et en appellent d’autres : qu’est-ce qu’être Britannique, Anglais, Écossais, Gallois ou Irlandais ? qu’est-ce qu’être Européen ? Elles doivent donc nous faire réfléchir sur la complexité des identités collectives : les identités nationales, mais aussi l’identité européenne.
Robert Frank
**************************
Samedi 18 novembre 2017
" L’orage et la musique "
par Serge Chauzy
Professeur Université Paul Sabatier
Laboratoire d'Aérologie, OMP/UPS
Résumé descriptif
Si les tempêtes et les orages ont de tout temps effrayé les hommes, ils n’en ont pas moins inspiré les artistes. Chaque système orageux fonctionne comme une énorme machine mécanique et électrique alimentée essentiellement par l’énergie solaire reçue par la Terre. Les nuages abritent les générateurs électriques qui produisent les manifestations orageuses. Les principaux mécanismes qui conduisent à l’électrisation des nuages d’orage, ou cumulonimbus, sont maintenant à peu près connus. Ils sont décrits et illustrés au cours de cette présentation. On évoque ensuite les caractéristiques essentielles des éclairs intra-nuage et nuage-sol, qui constituent l’essentiel de l’activité électrique des orages. Néanmoins, de nouveaux types de décharges ont été récemment découverts et commencent à livrer leurs secrets : les « Sprites », « Elves » ou « Jets » qui se produisent au-dessus des orages. Enfin les phénomènes violents que sont les tornades et les ouragans sont également abordés. Les diverses et parfois étranges manifestations électriques qui accompagnent les orages sont plus précisément observées et illustrées grâce à quelques documents photographiques et vidéo. Les précautions à prendre pour éviter les risques de foudroiement sont également indiquées et quelques foudroiements spectaculaires font l’objet d’illustrations vidéo et sonores. En outre, quelques exemples musicaux représentatifs de plusieurs périodes historiques montrent de quelle manière les grands compositeurs ont cherché à symboliser ou à imiter, dans certaines de leurs œuvres, ces déchaînements de la nature : de Vivaldi à Wagner en passant par Rameau, Beethoven et Rossini, un panorama auditif et visuel témoigne de la fascination qu’exercent ces phénomènes sur les compositeurs et leurs auditoires.
Serge Chauzy
Professeur émérite à Université Paul Sabatier (Observatoire Midi-Pyrénées – Laboratoire d’Aérologie)
Membre de l’association Les Etoiles Brillent Pour Tous
Samedi 9 Décembre 2017
"Les animaux sont-ils bêtes?"
par Alain Leygonie
Philosophe
Résumé descriptif
Il y a un mystère animal dont le moindre mérite n'est pas de résister à la pensée : s'agissant de la question animale, le propos des philosophes, aussi grands soient-ils, est en général affligeant. Devant la bête silencieuse, profonde, énigmatique, le discours philosophique (et même scientifique), enlisé dans l'humain, se déprécie et se mord la queue : on croit parler de l'animal, c'est encore et toujours de l'homme qu'il s'agit. Chassez l'humain, il revient au galop... Rétablir l'animal dans sa dignité ontologique, s'étonner du mépris dans lequel il est tenu au nom de l'Intelligence, dénoncer la bêtise des opinions communes engraissées à la Raison, chasser la honte des origines, telle est l'ambition de cet essai qui combine la réflexion, l'anecdote et le récit métaphorique, pour tenter de rompre le douloureux " silence des bêtes ".
Alain Leygonie
*************************
Samedi 27 Janvier 2018
"Cahors;: Divona, la cité des Cadurques"
par Didier Rigal
chargé d'opérations et de recherches,
Institut national de recherches archéologiques préventives
Résumé descriptif
Les recherches menées à Cahors durant ces 20 dernières années ont totalement bouleversé l’état de nos connaissances relatives à l’architecture monumentale et spatiale de la capitale des Cadurques romanisés.
Divona-Cahors
Divona tire son nom d'une divinité celtique des sources et des gouffres.
Divona, capitale de civitas des Cadurques dans la province d’Aquitaine du Haut-Empire fait partie des 60 peuples/cités présents au temple du confluent à Lyon en 12 a.C.
Il s’agit d’une création ex-nihilo faisant suite au transfert, dans la seconde partie du 1er s. a.C., de l’oppidum de Murcens (Cras) distant de 15 km à vol d’oiseau. L’archéologie date cette implantation à la fin de la période augustéenne, toutefois, la décision politique est manifestement due à l’organisation des provinces gauloises par Auguste à la fin du siècle précédent.
L’installation de la cité dans un méandre du Lot est un choix d’implantation privilégié à divers titres : en tant que position centrale du territoire, pour la recherche de l’agrément, la facilité des échanges avec le transport fluvial… et pour la fondation d’une ville d’eau. Cette position situe également Divona a approximativement 100 km –soit 45 lieues gauloises ou 67 miles romains– des capitales de civitas voisines : Vesonna (Périgueux), Aginnum (Agen), Tolosa (Toulouse) et Segodunum (Rodez), que les voies attestées par la Table de Peutinger, ou à défaut l’archéologie, permettent de relier en une journée de cheval.
La cité est opulente. Pas moins de 80 mosaïques sont attestées, et l’on connaît la quasi-totalité des monuments publics (fontaine sacrée, aqueduc, thermes, temple, schola, forum, théâtre, amphithéâtre et castellum) qui en constituaient la parure monumentale.
Dans cette presqu’ile de 200 ha baignée par la rivière et bordée de collines sur trois côtés limitant son expansion, la cité du Haut-Empire occupe 125 ha, tandis que la rétractation de l’Antiquité tardive réduira son périmètre dans la partie orientale à 29 ha.
Didier Rigal
**********************
Samedi 17 Février 2018
" Art rupestre et Art tribal en Inde "
par Jean Clottes
Préhistorien
Résumé descriptif
En Inde, l’art rupestre abonde. Ce sont des milliers de sites qui se trouvent du nord au sud du sous-continent, mais plus particulièrement dans le centre. Ces peintures, souvent spectaculaires, couvrent une vaste période, qui va pour l’essentiel d’environ dix mille ans jusqu’aux époques historiques.
L’un des intérêts majeurs de cet art rupestre, particulièrement abondant et méconnu car souvent situé dans des jungles éloignées, est que son contexte culturel et naturel a été entièrement préservé, ce qui est devenu rarissime dans le monde. Il est ainsi possible de considérer ce qui s’est passé dans les tribus locales et d’y découvrir la persistance de traditions ancestrales qui peuvent avoir trait à l’art et en expliquer les raisons profondes.
Les recherches -et les découvertes- au sein des tribus auxquelles nous avons eu exceptionnellement accès (Korkus, Gonds, Bhils, Kols) ont porté sur deux points majeurs. D’une part, sur les formes d’art traditionnelles encore en usage de nos jours, par exemple pour des cérémonies funéraires ou propitiatoires dans les maisons, qui ont des analogies et permettent des comparaisons avec l’art rupestre.
D’autre part, nous avons constaté que des cérémonies, avec dépôts d’offrandes, avaient encore lieu dans certains abris peints, ce que nul ne soupçonnait jusque-là. Grâce à nos contacts, nous avons pu recueillir des témoignages détaillés sur ces pratiques en voie de disparition. Ce qui émerge le plus clairement est le pouvoir bénéfique des images pour ceux qui en recherchent la protection.
Jean Clottes
***********************
Samedi 17 mars 2018
"Les réseaux sociaux...anges ou démons?""
par Guilhem Landès
webmaster, animateur multimédia
Résumé descriptif
Internet a profondément remodelé les relations humaines. Les notions d'amitié, de vie privée, connaissent une évolution sans précédent. Des sites comme Facebook, avec ses deux milliards d'utilisateurs, imposent unilatéralement de nouvelles formes de communication, de relation. Jusqu'où ces entreprises peuvent-elles s'immiscer dans nos vies privées ? Est-il possible de faire machine arrière, de reprendre le contrôle de nos données personnelles ?
Quel futur attend ceux, dont les images des premiers jours de vie, ne leur appartiennent déjà plus ! Quelle société va émerger de cette explosion d'informations, où la transparence devient la règle ?
Guilhem Landès
*****************
Samedi 5 mai 2018
" Ressources naturelles et énergies "
Michel de Blanquat
Géosciences Environnement Toulouse - Observatoire Midi-Pyrénées
Directeur de Recherche au C N R S
Résumé descriptif
Une ressource naturelle ne peut être considéré comme inépuisable que dans la mesure où son taux d'exploitation par l'humanité est inférieur ou égal à son taux de production ou de régénération par la nature. Les ressources naturelles minérales résultent de processus géologiques longs, de quelques milliers d'années pour les plus courts à quelques dizaines de millions d'années pour les plus longs. Elles constituent donc un stock fini et sont par essence épuisables, voire irremplaçables. Dans le modèle économique occidental, les ressources naturelles n'ont de valeur que par la quantité de capital et de travail nécessaire à leur extraction. La ressource en elle-même n'a pas de valeur intrinsèque. La notion de stock fini n'étant pas prise en compte, tout se passe comme si, économiquement, les ressources naturelles étaient inépuisables…
Après une présentation des différentes ressources naturelles minérales, de leur utilisation actuelle par l'homme et de leur importance dans l'histoire de l'humanité, l'exposé explique le mode de formation des trois principaux types, énergétiques (pétrole, gaz, charbon), métalliques (métaux communs, métaux rares), et minérales (argiles, feldspaths, talc…), en insistant sur la durée des processus géologiques impliqués dans la formation des gisements. La présentation des bilans quantitatifs de leur extraction depuis le début de l'ère industrielle, associée à celle des modèles des besoins futurs dans une planète toujours en croissance, nous permet de poser le problème de la raréfaction des ressources associé à celui de l'impact environnemental de leur utilisation.
Michel de Blanquat
***********************
Samedi 26 mai 2018
" La Fontaine, auteur méconnu "
par Elsa Courant
Doctorante
ENS rue d’Ulm
Résumé descriptif
Nous avons tous appris dans notre enfance les fables de "La Cigale et la Fourmi", "Le Corbeau et le Renard", ou "Le Loup et l'Agneau". Nous les connaissons par cœur, et pourtant, à l'école, nous n'avons jamais appris à les lire véritablement. En prêtant attention aux détails, on s'aperçoit bien vite que l'univers des fables est bien plus complexe qu'il n'y paraît au premier abord. Avec un peu d'histoire, des lectures, et les yeux grands ouverts, on posera de nouvelles questions sur ce monument de notre littérature : qui était La Fontaine ? Pour qui écrivait-il ? Y a-t-il une morale dans les fables ? Et surtout, qui a raison et qui a tort, la Cigale ou la Fourmi, le Loup ou le Chien, l'Âne ou son Maître ?
Elsa Courant